KAWASAKI 750 ZX R STINGER

CONTRE

SUZUKI 750 GSX R

 

 

Les deux plus petits» constructeurs japonais ouvrent la voie de la raison. Avec les FZR-R, RC 30 et autres GSXR-R on ne sait plus où donner de la tête, mais on n'ose surtout pas entrouvrir son chéquier devant les prix annoncés.

Avec ces deux 750 sportives ‹‹ raisonnables », Suzuki et Kawasaki montrent que l'efficacité n'est pas forcément syno­nyme de prix élevé ou de délire technique.

Le rêve à beau ne pas tenir compte du tarif en vigueur, il est toujours bon de constater que de telles beautés démoniaques entrent dans un budget !

Force est de reconnaître que devant la ‹‹ Stinger » (nom d'un missile américain ou dard d'abeille en traduction littérale) et la GSX R, les idées les plus folles viennent vous titiller le caisson sans aboutir à cette éternelle réflexion digne de Guidon-le-Pessimiste: ‹‹ bordel de merde, jamais je ne pourrais me la payer! »

 

 

La SNCF mouille nos culottes

 

 

Qui eut cru qu'un jour la Société Nationale des Chemins de Fer Francais nous ferait tant d'effet ? On vous explique : partant pour cet essai en compagnie de 250 sportives, nous avions jugé opportun d'éco­nomiser leur santé en descendant à Pau par le train moto-couchettes.

Jusque là, tout va bien. Sauf que, à force de finir quelques papiers sul'gaz, nous voilà en plein périph' à 19 h 45 en sachant qu'au delà de 20 heures, nos jours étaient comptés.

J'arrive à 19 h 55 pour me faire traiter de tous les noms alors que les autres débarquent la fleur entre les dents à 20 h 03, horaire satanique pour ces fonctionnaires diaboli­ques.

En gros, après avoir tout tenté (même d'arrêter la tempête) nous voilà sur la touche, nos motos entre les jambes et la bonne humeur générale pour remé­dier à ce problème épineux.

Que faire ? Aller manger un cassoulet? Foncer au plumard? Attendre la réouverture des guichets? Ou filer sur l'autoroute histoire de rattraper cet essai mal barré ? La dernière solution sera sélectionnée, d'où un mouillage de pantalons sur l'autoroute Paris-Bordeaux inondé de toutes parts et fichtrement dangereux en cette nuit de mardi embouteillée de camions.

Voilà, vous savez tout sur le début de ces 2000 kilomètres d'essai sportif qui, heureusement, seront pour le reste du temps inondés... de soleil.
Il aura fallu attendre le premier matin sec pour que les premières considérations esthétiques et pratiques viennent enfin nous occuper l'esprit.

L'essai est vraiment commencé, les avis sur ces routières en bracelets fusent et, jusqu'à la fin, Bar 2, Micou, Momo et moi-même partagerons nos impressions entre deux Gamay ou trois magrets de façon à oublier le trop-plein d'eau de ce début de roulage.

On n'est pas des boeufs, non mais des fois !

 

C'est la plus belle !

 

Incroyable mais vrai : chaque apéritif, chaque repas, chaque clope, chaque arrêt auront été sujets à discussions, voire engueulades, sur l'apparence ou le bien fondé de ces deux 750 bien montées.

Je passerai sur le descriptif technique de la Kawasaki, parfaitement traité dans le Moto-Coin-Coin n° 878, pour vous faire part des résultats généraux du mélange de nos hautes réflexions philosophiques.

Ne nous arrêtons pas sur l'équipement puisque des largeurs de roues aux multiples disques en passant par les cadres alu ou les carénages ravageurs, ces deux montures sont à mettre à pied d'égalité.

La Suzuki est considérée à l'unanimité comme la plus agressive. Tout sur l'avant, le carénage «mange» la roue qui dévore elle-même la route. Rien à dire.

 

 

Par contre, nous aurions souhaité une partie arrière un peu poins pataude et surtout plus en accord avec cet avant magnifiquement réussi.

Le coloris est indiscuta­ble et donc indiscuté : design et peinture ajoutent la touche proto d'endurance nécessaire à ce genre de bestiau.

A côté, la Kawasaki va fort en matière de ZX 7 « réplica » et se révèle beaucoup plus impression­nante grandeur nature que sur les photos.

On a beau ne pas aimer les couleurs, il faut avouer que dans son coloris «italien », la Kawa fait fondre : elle aussi transpire par tous les pores la sueur de l'endurance. Rien à dire.

L'assiette générale de la moto est beaucoup plus «plate» que celle de la Suzuki qui s'appuie sur l'avant.

La ZX R fait homogène (et on verra plus loin qu'elle l'est), bien pensée et parfaite- ment équilibrée.

La partie avant est en harmonie avec l'arrière et son allure d'ensemble met tout de suite en confiance.

Elle possède manifestement tout ce qu'il faut pour tenir tète, à tous les niveaux, à la moto de l'année 88.

Une chose est certaine : entre les équipements et la ligne, ces deux sportives ont fichtrement l'allure des motos de course qu'on verra tout au long de l'année sur les podiums des championnats Superbike et Production.

C'est d'ailleurs grâce à cela que la part du rêve prend une telle dimension avec ces répliques adaptées à la route. Bon c'est pas en regardant les photos qu'on va départager ces deux divas en tenue de combat.

Elles sont faites pour rouler et c'est ce qu'elles font de mieux, les bougresses !

                  

 

A défaut de train, prenons les rails.

 

Rouler, rouler, c'est ce qu'il faut pour se taner une peau de vieux briscard de la route et c'est donc ce que nous avons fait pour rejoindre le circuit de Pau-Arnos en ce début de printemps.

Car il fait beau aujourd'hui derrière les carénages qui, soit dit en passant, pourraient nettement mieux protéger des intempéries (surtout celui de la GSX R placé très bas).

Va pour les mains ou le buste (limite tout de même), mais pour ce qui est de la tête ou des jambes et des pieds, on a vraiment envie de se faire tout petit.

M'enfin, on oublie les camions doublés à grands coups de courage dans une tempête de flotte, le soleil illuminant désormais et jusqu'à la fin de l'essai le long serpent de goudron.

Sur autoroute, l'une comme l'autre se satisfait de sa condition. Tenue de cap irréprochable quelle que soit la vitesse avec, malgré tout, un avantage à la Kawasaki qui se veut imperturbable alors que la Suzuki fait preuve à très haute vitesse d'une certaine légèreté de direction. Cela dit, on peut décrire ces deux motos comme étant des « rails» à vive allure. Les moteurs ronronnent.

A 160 le Kawa tourne à 7500, le Suzuki à 8000 tours pour des régimes maxi fixés à respectivement 12500 et 13000. II y a de la marge.

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